Quelques notes éparses prises lors des réunions du Conseil Social de Laeken : de plus en plus d’activités artistiques, et en même temps de plus en plus d’utilitarisme. Les activités « culturelles » sont souvent un outil et non une fin en elles-mêmes. Du coup des ateliers qui servent surtout comme alibi pour dire que l’activité de l’année a produit quelque chose (des photos pour le dossier). Des artistes obligés (à cause de la diminution des subsides directs à la culture d’une part, et de la remise en cause de leur statut d’autre part) de faire un travail rapide, efficace et fade. Un public obligé de venir pour ne pas perdre ses allocations…
Il y a peu d’actions politiques dans l’Occident moderne qui ne se revendiquent du bien commun, entendu comme le bien de tout un chacun, fabriqué à partir de ce que tous les hommes auraient en commun, en tant qu’horizon. C’est le paradigme pastoral dont parle notamment Michel Foucault : le dirigeant politique est celui qui soigne, protège et guide une population. La colonisation ou la communication, deux expériences qui peuvent paraître éloignées, sinon opposées, ont cette caractéristique. C’est en utilisant ces deux exemples qu’on tentera de comprendre un peu mieux cette manière de faire de la politique au nom d’un bien commun.
Qu’est ce que connaître quelque chose ? C’est une question simple dont bien entendu la réponse est difficile. Énumérer les éléments qui la composent ? C’est le parti pris de beaucoup de reportages et documentaires notamment. C’est souvent le rôle assumé par la voix-off, sa manière de parler, d’organiser les choses en pérennant la place de la voix de la conscience ou de la voix de la raison (…)Il y a pourtant d’autres manières de penser, mais c’est partir dans d’autres aventures dont le journal de bord ressemble moins à un dossier d’évaluation. C’est la démarche que nous avons tenté de mettre en évidence dans le regard cinématographique de Jean Rouch.
Actuellement, il est beaucoup question de traduire la parole des gens. Ce qui me semble intéressant dans le cinéma de Jean Rouch est que la question devient plutôt « apprendre une autre langue ». Ou même, dans les mots de Gilles Deleuze, « être dans sa propre langue comme un étranger ».
Dans le cadre du travail social, ce qui revient sans cesse est la séparation entre la culture et le social : la difficulté de parler de culture à un public précarisé, la difficulté de mélanger culture et social, en même temps que l’intérêt éventuel, voire la nécessité de la culture, pour susciter un changement social.
Depuis quelque temps on travaille autour d’un certain nombre de problématiques philosophiques. Ce sont des questions très pratiques, parfois tellement liées à la pratique qu’elles ne sont pas spécifiées, et du coup le travail philosophique qui les sous-tend s’efface, devient trop flou. Les concepts deviennent ainsi des manières de nommer… on ne sait plus trop quoi, et perdent leur puissance…
Les États, les classes, les peuples, les nations, les tribus, les religions ou les constructions théoriques, ont probablement tous des ennemis. Cependant, la manière dont chacun d’entre eux conçoit ses ennemis est singulière et implique un certain rapport au monde.
Ce dont il est question ici est quelque chose de beaucoup plus restreint, une question marginale dans ce débat. La question du vrai dans l’action politique.
Ce qui semble faire défaut aujourd’hui ce sont des lieux un peu protégés des questions idiotes. « Qu’est-ce que vous voulez ? », demandent sans cesse les dominants d’aujourd’hui, c’est généreux, simplement les réponses sont toujours mal formulées. Du coup ils proposent d’apprendre à bien formuler les réponses… c’est encore plus généreux ! Mais il vaudrait peut-être mieux répondre « Non, merci, sans façon ».
Entre dominant et dominé, n’existe-t-il pas de tierce position ? Doit-on vraiment être soit l’un, soit l’autre ? Peut-on encore, si l’on se retrouve dominant, parce qu’homme, parce que blanc, parce que salarié, prendre part légitimement à une lutte dénonçant les dominations ?