Penser l’action sans s’éloigner de l’action… Éviter la coupure entre action et pensée : le moment où on croit savoir ce qui est bien sans pouvoir agir, ou son frère jumeau, le moment où on s’agite sans savoir ce qu’on fait. Éviter encore plus un dispositif de pouvoir où quelqu’un conçoit l’action et un autre l’exécute. Nous regarderons deux exemples, en apparence assez éloignés : le concept de « Belle âme » fabriqué par Hegel et celui de « Nettoyer avec les yeux » fabriqué par des travailleuses du nettoyage. Ils ont en commun le fait de ne pas céder à cette coupure entre action et pensée, et du coup d’éviter l’impuissance qui s’ensuit, on verra comment. La tension entre ces deux concepts est peut-être aussi une manière de rencontre possible, sans hiérarchie.
Nous assistons, ces derniers temps, à une salutaire redécouverte de l’enquête populaire qui cherche à faire émerger la parole des personnes qui partagent un même vécu d’oppression. Cela, avec le but de construire un certain type de savoir qui puisse être employé comme force politique. Cette étude se propose d’aborder trois manières de faire enquête dans une perspective populaire, trois expériences tirées de contextes différents mais qui ont en commun d’avoir été pionnières dans les domaines qu’elles se proposaient d’explorer, ne fût-ce que par leur façon originale de rendre visible les intérêts populaires.
Le rapport à l’autre, connaître l’autre (ou l’Autre), en avoir peur, etc., sont des questions récurrentes dans nos contrées. Les mots pour le dire ne manquent pas : cohésion sociale, lien social, vivre ensemble, multiculturalité, bref, il y a de quoi rendre heureux un éditeur de dictionnaires de synonymes. Néanmoins il y a un mot qui est en général soigneusement évité : « orientalisme » ; il s’agit d’un terme beaucoup moins employé dans ce questionnement, alors qu’il est probablement l’une des matrices du problème. C’est un terme qui s’applique au « nous » de l’Occident, et non à l’autre…
Recueillir l’avis des autres est devenu une pratique courante, souvent présenté comme une démarche innovatrice, démocratique, participative. Il y a pourtant une histoire de cette volonté de comprendre l’autre, de se mettre à sa place. Une histoire, forgée dans la colonisation et dans la volonté de domestiquer les pauvres des villes, qui aide peut-être à comprendre un peu ce dont il est question. Regarder ce qu’on nous veut, et surtout être moins passif, dans un monde où il faut se raconter.
Comment se fabriquent ces énoncés que nous utilisons pour guider une grande partie de nos comportements quotidiens ? Pour savoir que tel comportement est normal et pas tel autre. C’est une question importante parce que ce sont les normes sociales qui déterminent souvent ce qui se fait, et ce qui ne devrait pas se faire. Non seulement ce qui est socialement permis ou interdit de faire, mais surtout : comment on s’oriente, quel type de repères nous utilisons pour agir dans notre quotidien, quelles sont les questions importantes, quelles différences comptent.
« Bonjour, je n’aime pas cet espace ». C’est ainsi que le metteur en scène Peter Brook commençait une conférence. « Aujourd’hui, vous m’avez invité à participer à une conférence sur les espaces théâtraux, dans une salle ultra moderne et prestigieuse, et je suis mal à l’aise. Je me demande : pourquoi ? ». Il y a mille et une manières de relier théâtre et éducation transformatrice, celle qui peut s’esquisser à partir de la question posée lors de cette conférence : j’ai une sensation, d’où ça vient ? possède l’avantage d’être très concrète.
Découvrez également cette analyse dans la Revue Antipodes "Théâtre de l’opprimé, théâtre-forum, théâtre-action" n° 222, septembre 2018. >> Vers le site de
Société de l’information donc ? Il faudrait voir, il y a notamment un élément qu’il est important d’analyser dans cette affirmation, ce qu’elle avance en creux, c’est-à-dire ce qu’elle déplace.
L’utilisation de ce qu’on appelle, de manière un peu vague, nouvelles technologies de l’information, change la manière de travailler. L’objectif ici est de regarder ces changement dans le secteur du nettoyage, du point de vue des travailleurs, à partir du savoir que les travailleurs ont produit sur ces changements, dans l’objectif de contribuer à accroître l’emprise des travailleurs.
L’anthropocène est une notion relativement récente. Le terme lui-même est issu d’une question scientifique plutôt marginale. Dans les années 1995, un scientifique, le chimiste hollandais Paul Josef Crutzen propose d’ajouter dans le classement géologique une nouvelle période, la période de l’humain (anthropos). Dans le domaine de la géologie on classe en effet les différentes strates terrestres par ères. Les ères sont divisées chacune en plusieurs périodes à leur tour divisées en « âges ». Par exemple l’ère Mésozoïque entre 252,2 et -66,0 millions − d’années, comprend trois périodes : Trias, Jurassique et Crétacé… c’est dans cette ère, caractérisée par une très forte activité volcanique, qu’a lieu la séparation des continents. Tout ceci peut paraître extrêmement éloigné d’un travail social de terrain, et pourtant...
Pendant une année nous avons travaillé avec cette notion dans notre atelier de pensée collective. Ce qui suit ne constitue pourtant pas un aboutissement, ni encore moins un résumé. Plutôt une tentative d’utiliser ce qui a été travaillé. Deux choix alors pour ce texte : d’une part commencer par une partie « pratique » comment ceci pourrait nous servir à quelque chose. Deuxièmement garder la forme d’un certain nombre de réflexions hétérogènes, qui ne s’emboîtent pas dans un raisonnement linéaire, simplement parce que c’est de cette manière que nous pensons.