Depuis juin 2022 la Coordination sociale de Laeken organise des journées « Place à nos droits ». Des journées où des dizaines de travailleurs sociaux descendent dans la rue, concrètement sur la place Boockstael, travaillent ensemble sans rendez-vous et bien entendu en présentiel. Il s’agit à la fois d’un geste pratique : pour toute une série de raisons que nous allons développer dans le corps du texte, cela permet de mieux aider une partie du public. D’un geste revendicatif : s’opposer au tout numérique mais aussi à certaines pratiques présentielles tout aussi inefficaces, voire agressives envers les usagers. Et il s’agit tout autant d’une expérimentation, pour tenter d’amener le travail social vers d’autres logiques que celles de l’État social actif notamment.
L’action d’émancipation de jeunes italiens issus de l’immigration telle que menée par le CASI-UO dès le début des années 70 s’est axée pour partie sur un travail autour de la mémoire qui est vite muée en une arme politique à partir de laquelle ils pourront avoir une prise sur l’histoire et influer sur leur vie.
Remettant en question les représentations sur la place du phénomène migratoire dans la société belge, notamment au travers de la pratique du théâtre et du chant, cette action contribua à une patrimonialisation débordant bientôt la communauté italienne pour aller jusqu’à imprégner la célébration du devenir national.
Des souvenirs aujourd’hui conservés par Teresa Butera, une ancienne de l’UO devenue militante au CASI avant d’en assurer la direction, aux témoignages laissés au fil du temps par les fondateurs de l’association, de quelle manière le passé apparaît-il avoir été mobilisé aux fins de lutter contre les exclusions affectant les immigrés ?
La Belgique a connu trois opérations de régularisation massive du séjour d’étrangers demeurant sur son territoire sans autorisation légale, des campagnes à chaque fois décidées par le gouvernement en réponse à une mobilisation collective entraînée par, avec et pour les sans-papiers. Saisir en quoi elles font date dans la durée d’un combat mêlant ruptures et constantes permet de mieux comprendre le retentissement d’une actualité qui reste en attente d’un rebondissement concluant. Mais revenir sur l’enchaînement des événements ayant rythmé cette lutte par des avancées, stagnations et replis met surtout en évidence, quelles que soient les victoires ou les défaites des sans-papiers, leur capacité d’agir. Une lecture historique engagée non pas tant par ce qu’elle pointe les efforts déployés par les sans-papiers face aux difficultés auxquelles ils restent confrontés que pour ce qu’elle s’appuie sur ce qu’en tant que premiers concernés ils persévèrent à investir les conditions de possibilité de leur émancipation individuelle et collective.
Partout où on va, la présence de main-d’œuvre migrante dans l’agriculture, notamment pendant les périodes de récolte, est significative. Souvent, ces travailleurs sont dans des conditions de travail très difficiles, ce qui ferait penser qu’ils ne sont que des victimes passives à la merci d’un système oppressif. Cependant, parfois l’organisation entre travailleurs pour améliorer ses propres conditions est possible et se démontre efficace.
En l’absence de régularisation, des membres du Collectif des Afghans Sans-Papiers sont régulièrement confrontés à un problème de logement. Répondre à ce besoin essentiel reste pour eux un souci permanent et dans leur recherche de stabilité les ressources mobilisées ont conduit à un déploiement nouveau pour leur organisation.
Mobilisé depuis 2013 par l’impératif de la protection internationale en Belgique, le Collectif des Afghans Sans-Papiers reste en recherche de dialogue avec les autorités du pays pour faire entendre sa cause. Si ses revendications et son répertoire d’actions ont évolué en s’affinant avec le temps, son histoire reste attachée à l’exigence élémentaire de dignité.
À l’occasion de la concertation animée par le CFS asbl et Ensemble Pour 1060 asbl par rapport à la réforme du décret de 2004 relatif à la Cohésion sociale dans la Région de Bruxelles-Capitale, des acteurs associatifs de Saint-Gilles ont souhaité mener une réflexion de fond sur les évolutions du travail social en dehors de toute attente politique. Témoignage de la promptitude à la mobilisation dans le champ du social, cette initiative serait-elle plus particulièrement susceptible d’instiller quelque renouveau à la vie associative ?
En lisant un livre remarquable sur l’histoire du travail social (La police des familles de Jacques Donzelot), nous avons été interpellés par quelques éléments sur la place attribuée aux femmes dans le travail social naissant. Dans ce texte, on exposera quelques éléments de ce discours, qui font écho à beaucoup de pratiques encore d’actualité. Nous nous proposons de les investiguer dans la suite de notre travail, dont ce texte représente la première étape.
La réalisation d’une étude sur la situation des sans-papiers à la veille des échéances électorales de 2018 et 2019 s’est imposée comme une évidence. L’enjeu de ces deux moments électifs est en effet essentiel pour l’avenir des sans-papiers en Belgique.
Ces dernières semaines, le mouvement des Gilets Jaunes a fait couler beaucoup d’encre dans les médias traditionnels et dans les réseaux sociaux. Convaincus que l’enquête devrait être un outil pour aller au-delà de la simple collecte d’informations, différents collectifs ont tenté de comprendre ce mouvement de l’intérieur, dans une dynamique se rapprochant de la corecherche.