Avec le retour en février 1967 à une application stricte de l’arrêté royal du 31 mars 1936, les autorités belges ne régularisent plus que dans des cas exceptionnels la situation des travailleurs extracommunautaires entrés en Belgique sans être munis au préalable d’un permis de travail. Poursuivie durant la période de haute conjoncture 1968-1971 par Louis Major, un ministre de l’Emploi et du Travail particulièrement rétif à l’immigration de main-d’œuvre, cette politique débouche inévitablement sur le développement d’une main-d’œuvre clandestine, entrée sur le territoire au bénéfice d’une exemption du visa d’entrée touristique et embauchée sur place par des employeurs peu ou pas regardants. Elle laisse à son successeur, Ernest Glinne, peu suspect de sentiment anti-immigré, la lourde tâche de résoudre un problème devenu pratiquement inextricable.
L’histoire sociale bruxelloise de ces 40 dernières années est peu écrite, surtout la période précédant l’émergence de la Région bruxelloise. Bien sûr, il existe de quelques monographies ou articles très ciblés sur l’un ou l’autre sujet, mais avec peu de vision globale. Cette situation est d’autant plus criante lorsqu’il s’agit d’écrire une représentation de l’histoire du point de vue des associations, comme si chaque association avait une vie propre, une histoire propre, déconnectée des situations sociales locales, régionales, nationales, européennes et mondiales. Relier la petite histoire (associative) avec la grande histoire (sociale) nous semble un enjeu majeur pour que les associations puissent s’inscrire pleinement dans le changement social. Le Collectif Formation Société dispose d’archives importantes de l’histoire associative, dont l’auteur a été un des acteurs. Un des objectifs des prochaines années sera de permettre aux associations et à leurs publics de se réapproprier cette histoire sociale collective. L’analyse qui suit en est une première approche de ces 40 années à l’aune d’une expérience particulière à Saint-Gilles, au 43 rue de Suède.
Pour quelle raison aborder l’immigration marocaine dans une perspective historienne ? La question peut sembler anodine dans le contexte de la commémoration des 50 ans de l’immigration marocaine en Belgique. Or, c’est justement cette conjoncture commémorative qui appelle à ce que l’on s’y attarde. Malgré l’impulsion donnée lors des célébrations de 2004, cette histoire demeure encore largement méconnue. L’historienne Anne Frennet-De Keyser travaille depuis de nombreuses années à inverser la tendance en menant des recherches sur le sujet et plus particulièrement sur le mouvement associatif. En s’investissant au sein de l’asbl Carhima, une association engagée dans la sauvegarde des sources de cette histoire, elle œuvre aussi en faveur de sa connaissance et de sa reconnaissance. Son parcours constitue une expérience à l’aune de laquelle se profilent quelques indices de la complexité de la problématique.
Comment et pourquoi l’immigration marocaine en Belgique passe-t-elle de 461 personnes recensées en 1961 à 39.294 en 1970 ? Cet accroissement trouve bien sûr une explication dans la convention bilatérale de 1964. Mais sa compréhension implique aussi un examen de la situation socio-économique dans laquelle se trouve le Maroc de l’époque. Cette contextualisation fait ressortir la complexité factorielle qui a conditionné l’émigration des Marocains vers l’Europe.
Le Masterplan 2008-2012-2016 élaboré par l’administration pénitentiaire prévoit la construction de nouvelles prisons. Il comporte notamment un projet de prison dans une section à l’extrême nord de la ville de Bruxelles : Haren. Dans le cahier de charges rédigé pour lancer l’appel d’offres en vue de la construction de cette nouvelle prison, une récurrence mérite que l’on s’y attarde : il est demandé aux promoteurs de concevoir une prison qui favorise l’autonomie des futurs prisonniers. Il ne s’agit pas ici d’affirmer que ce cahier de charges est une révolution, mais plus simplement de repérer, dans la manière de concevoir cet objectif d’autonomisation des prisonniers, une problématique beaucoup plus large, traversant l’ensemble de la société et omniprésente dans le secteur social. L’autonomie en prison, et plus largement dans ce que Erving Goffman appelle les institutions totalitaires, n’est pas une question nouvelle, mais elle n’était cependant pas un objectif en soi. Il est important d’analyser la manière dont cette question s’est posée pour comprendre et évaluer les enjeux qui sous-tendent cette exigence aujourd’hui.
Face aux écrits des sociologues, des politologues, voire des psychologues, l’histoire de l’immigration maghrébine, et plus spécifiquement celle des migrantes, en Belgique apparaît comme un parent pauvre « (...) si les femmes migrantes sont l’objet de nombreux éclairages sociologiques, psychologiques ou même médicaux, leur histoire n’a, jusqu’à présent, fait l’objet que de très peu d’études ». La quasi absence de travaux historiques sur les femmes immigrées ne surprend finalement pas tant
que cela car elle apparaît éminemment complexe. En effet, pour l’écrire, l’historien se voit contraint de croiser rapports de genre et classes sociales afin d’y décortiquer les processus de dominations patriarcale, économique, sociale, politique et culturelle qui s’y cachent si il ne veut pas livrer une vue simpliste et lacunaire de cette histoire. A cette première difficulté, il faut encore ajouter celle du travail en archives où les femmes migrantes semblent « transparentes ». D’où la nécessité de recourir à l’histoire orale avec toutes les précautions qui s’imposent.
Le rôle des organisations syndicales dans les opérations de régularisation a changé depuis la régularisation de 1974. A l’époque, elles en furent un acteur majeur étant donné la légitimité dont elles bénéficiaient auprès des clandestins via les associations de travailleurs immigrés...
Si lors des premières vagues migratoires qu’a connues la Belgique au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, rien n’était officiellement prévu au niveau de l’accueil et de l’intégration des migrants, progressivement, l’Etat belge met en place différentes mesures, fortes ou moins fortes, suffisantes ou non, pour organiser au mieux la vie de ces personnes sur le territoire. Bref retour sur l’histoire des politiques d’accueil dans notre pays et focus sur la dernière en date : le parcours d’accueil pour primo-arrivants en Région de Bruxelles-Capitale.
Pour trouver l’utilité de la philosophie dans l’éducation populaire, un chemin possible est de définir « utilité », puis « philosophie », puis « éducation », puis « populaire », et de bâtir une sorte de définition générale de « la philosophie dans l’éducation populaire ». Le problème cette démarche est de choisir une définition pour chaque mot, ou alors d’en discuter quelques-unes : on perd vite pied, on passe à quelque chose de très abstrait...
La maitrise de la langue est un thème récurrent dans les textes de loi relatifs aux migrants et à leur intégration. Cependant, la langue est-elle vraiment un indicateur d’intégration ? Le niveau de maitrise exigé est-il adéquat ? Doit-il être le même pour une demande d’obtention de la nationalité que pour une résidence ponctuelle ou permanente dans le pays d’accueil ? Existe-t-il d’autres moyens de s’intégrer ?