Face aux écrits des sociologues, des politologues, voire des psychologues, l’histoire de l’immigration maghrébine, et plus spécifiquement celle des migrantes, en Belgique apparaît comme un parent pauvre « (...) si les femmes migrantes sont l’objet de nombreux éclairages sociologiques, psychologiques ou même médicaux, leur histoire n’a, jusqu’à présent, fait l’objet que de très peu d’études ». La quasi absence de travaux historiques sur les femmes immigrées ne surprend finalement pas tant
que cela car elle apparaît éminemment complexe. En effet, pour l’écrire, l’historien se voit contraint de croiser rapports de genre et classes sociales afin d’y décortiquer les processus de dominations patriarcale, économique, sociale, politique et culturelle qui s’y cachent si il ne veut pas livrer une vue simpliste et lacunaire de cette histoire. A cette première difficulté, il faut encore ajouter celle du travail en archives où les femmes migrantes semblent « transparentes ». D’où la nécessité de recourir à l’histoire orale avec toutes les précautions qui s’imposent.