Pourquoi des « nouvelles » Universités populaires ? Quelles questions, quels défis, quelles « tensions » traversent le champ de l’éducation populaire en France et en Belgique francophone ?
Ouvrir au public populaire l’accès aux savoirs, tel est certainement l’enjeu des universités populaires qui ont choisi de s’adresser à un large public, en n’exigeant ni connaissances spécifiques, ni prérequis, ni investissement financier pour prendre part aux activités proposées.
Au-delà de ce « grand » public qui a frappé en nombre aux portes des universités populaires, il est un autre public populaire, au sens plus « marxiste » du terme, celui des classes populaires socio-économiquement défavorisées et qui réunit tout autant des travailleurs peu qualifiés, des exclus du travail, des personnes en grande précarité...
Lors du lancement du 5ème Printemps des Universités Populaires, les différentes UP en présence ont eu l‟occasion de présenter les spécificités de leur projet, de leurs actions, de leurs modalités d‟intervention, de leurs publics...
Si les universités populaires se conforment à la définition traditionnelle des universités en ce qui concerne leurs fonctions de transmission, de production et de conservation de Savoirs, c’est dans leur objet même que se dessine leur spécificité : les modalités de transmission, le public visé et la nature de ces Savoirs. Pour l’instant aucune réponse univoque à la question « qu’enseigner dans les universités populaires ? » n’a été formulée. On trouve plutôt des éléments de réponse dans les choix et les expériences menées par les différentes universités. Cependant, l’idée de « pouvoir émancipateur » comme critère nécessaire aux Savoirs, ressort comme fil rouge des différents partis-pris. Cette question est vaste et complexe, nous ne présenterons ici que quelques unes des problématiques qui lui sont rattachées et un tableau sommaire tendances qui se dégagent au sein des universités populaires.
Dans une précédente analyse, nous avons questionné quelques conditions d’accessibilité des publics populaires aux savoirs universitaires, aux savoirs socialement valorisés. Au-delà de l’appropriation des savoirs, quels enjeux y a-t-il à certifier les apprentissages réalisés ? Sous quelles formes organiser cette certification pour qu’elle soit en cohérence avec la conception de l’éducation défendue par les universités populaires et avec les modèles d’action pédagogique qui y sont privilégiés, pour que la certification soit elle aussi, tout autant que les démarches d’apprentissage, émancipatrice et non excluante ?
Voici bien une question digne d’intérêt pour toute Université Populaire qui a la volonté d’accueillir en son sein un public d’origine diverse. Cette question a d’ailleurs fait l’objet d’un atelier de réflexion dans le cadre du cinquième printemps des universités populaires organisé à Bruxelles en juin 2010, qui a amené les représentants de différentes UP francophones à remettre en question leurs pratiques en la matière.
Certaines universités populaires revendiquent un travail social, politique, « collectif » ; on ne manque pas de leur renvoyer qu’il faut d’abord une émancipation individuelle, argument souvent entendu comme « on ne peut changer le monde mais on peut se changer soi-même ». A l’inverse, d’autres universités populaires traitent de sujets dépourvus d’objectifs de transformation sociale clairs et revendiqués. A celle-ci, on leur répond qu’aucune émancipation individuelle n’est possible sans émancipation collective préalable « il faut changer le système pour être libre ». Ensuite chacun peut prendre tranquillement la posture qui lui correspond, mettre en avant son tee-shirt à l’effigie du Che ou, au contraire, sa chemise chic mais un peu chiffonnée dans le style artiste.