La question de départ était la disparition de la figure du patron ; une question plutôt simple pour une fois. Parfois on est un peu surpris par des questions que l’on nous adresse. Que dire d’autre que : « si c’est vrai, bon débarras ! », même s’il ne s’agit que de la figure de patron ? Or il semblerait que cette disparition ne soit pas une fête. Faudrait-il aller rechercher des patrons ? L’amour est une chose complexe, mais tout de même… aller se chercher des patrons…
D’une certaine façon les chefs ont toujours un discours sur l’avenir, même lorsque leur pouvoir est très limité.
Dans les années 70, l’anthropologue Pierre Clastres, étudiait le rôle des chefs dans certaines tribus amérindiennes où : « ceux que l’on nomme les leaders sont démunis de tout pouvoir, la chefferie s’institue à l’extérieur de l’exercice du pouvoir politique ». Le discours du chef dans ces sociétés, qui est en quelque sorte le discours minimal du chef, est celui-ci : « nos aïeux se trouvèrent bien de vivre comme ils vivaient ; suivons leur exemple et, de cette manière, nous mènerons ensemble une existence paisible ».
Dans des régimes plus autoritaires, le problème se pose autrement, mais là où le consensus, la concertation, la participation, l’écoute... sont omniprésents, bref là où l’on privilégie la parole, tout peut être dit, proposé, critiqué, débattu… mais il semblerait aussi, en fin de compte, que tout prenne une forme néolibérale. On peut multiplier les exemples, au-delà de la simple nostalgie et de la sensation discutable que « c’était mieux avant… » ; il semblerait de plus en plus souvent, et de plus en plus rapidement, que des pratiques, des propositions en tout genre, soient renversées, se retournent facilement pour devenir des outils du pouvoir.
La démarche de recherche en éducation populaire est souvent confrontée à une difficulté : comment appréhender le discours de pouvoir et ses effets ? En effet, il semble indispensable de s’y confronter pour identifier sinon les possibilités de transformation sociale, au moins les outils permettant de « faire prise » face à ce discours. Or nous sommes généralement amenés à croire que le discours de pouvoir est autosuffisant, qu’il a en lui-même une puissance « magique », qu’il « fait des choses avec les mots », pour reprendre la formule d’Austin . Nous en venons à nous méfier du vocabulaire, à porter notre attention sur la manière de dire, persuadés qu’elle amène forcément une manière de faire : il faudrait cesser d’utiliser « utilité », « capital », « potentiel », « gouvernement », « gestion ». Or toute la magie du discours de pouvoir est de recycler sans cesse les mots et les concepts qu’ils désignent, d’en faire dévier la signification… Sans qu’il n’existe de limite à la récupération.
En Belgique francophone, de plus en plus d’adultes, dont une part importante de travailleurs peu « qualifiés », s’inscrivent dans des démarches de reprises d’études. Jusqu’au milieu des années 2000, les conditions d’accès à l’enseignement supérieur se sont avérées un frein pour la plupart d’entre eux : ne possédant pas le diplôme du secondaire supérieur (CESS) , « sésame » pour entreprendre la grande majorité des études supérieures universitaires ou non universitaires , ils auraient dû suivre des cursus de plus de 5 à 6 ans jalonnés d’examens de sélection ou passer les épreuves de jurys centraux dont le taux d’échec étaient particulièrement élevés, perspective amenant les potentiels candidats à la reprise d’études à renoncer a priori à leur projet. Ceux d’entre eux qui, malgré tout se lançaient dans la démarche, étaient en majorité confrontés à l’échec face à l’impraticabilité des épreuves.
Cette étude constitue le second volet d’une série d’analyses et études du Collectif Formation Société consacrées à la question des biens communs et du commun, qui résultent d’échanges lors de séances de formation de travailleurs dans le secteur de l’ alphabétisation (Lire & Ecrire) et du travail de l’Université populaire de Bruxelles sur l’ouvrage Commun, de Pierre Dardot & Christian Laval, publié en 2014 par La Découverte.
Le travail social a désormais un objectif et un seul ; l’avancée de cet objectif date des années 1980, mais il s’est consolidé et devenu universel à partir des années 1990 : mettre les gens au travail. Pour y arriver, toujours la même approche : rendre employable. C’est la seule façon « sérieuse » de s’occuper de la société.
Comment conduire une recherche en éducation populaire/éducation permanente ? La construction de la question initiale. C’était la question initiale, conçue comme une (relative) inconnue à travailler en séminaire, de manière coopérative, à travers le dispositif de la F.R.E.P., porté par le Collectif Formation Société.
Cette analyse constitue le premier volet d’ une série d’ analyses du Collectif formation société consacrées à la question des biens communs et du commun, qui résultent d’ échanges lors de séances de formation de travailleurs dans le secteur de l’ alphabétisation (Lire & Ecrire) et du travail de l’ Université populaire de Bruxelles sur l’ouvrage Commun , de Pierre Dardot & Christian Laval, publié en 2014 par La Découverte.
Le cinéma a créé plusieurs figures de fou, qui nous amènent dans différents modes de délire, différentes manières de se mettre à délirer notre époque. Nous proposons ici de regarder le monde du point de vue de trois de ces figures : celle du génie du mal, celle du fou prophète capable de voir la réalité derrière les apparences, celle du fou marginal.