Trois points de vue sur le précariat (3) : du point de vue de l’extrême pauvreté
Ce dernier volet des « trois points de vue sur le précariat » s’intéresse à ceux dont le degré de précarité est a priori le plus important : les SDF. Quel est l’effet de la précarité sur cette population ? A-t-elle augmenté ? Dans quelles proportions ? Qui sont ces précaires ? Quelle est leur place dans la société ? Et comment l’image du vagabond toujours présente à travers l’histoire, joue-t-elle dans notre société précarisée ?
Trois points de vue sur le précariat (2) : le point de vue de chômeurs en insertion
Deuxième étape dans notre série de « points de vue sur la précarité », cette analyse présente un autre discours sur les précaires que celui proposé couramment. Le discours de quatre personnes en formation en ISP (insertion socioprofessionnelle). Non pas de simples témoignages, mais une expérience, un certain savoir d’expérience, de ceux qui vivent dans la précarité. En quelque sorte, une question : Comment fonctionne la précarité au quotidien ?
Trois points de vue sur le précariat (1) : le point de vue de militants syndicaux
Le premier « point de vue » sur le précariat est consacré au syndicalisme. Dans le cadre de notre travail sur le précariat, les syndicalistes de terrain constituent une source privilégiée. Ce niveau est en quelque sorte à la charnière entre les analyses théoriques et les témoignages. En effet, les syndicalistes connaissent mieux que quiconque l’articulation entre la législation du travail et la réalité des travailleurs. Ce sont eux aussi qui tentent, souvent avec grande difficulté de contrer cette avancée fulgurante de la précarité. Cette analyse revient sur leurs constats, leurs luttes et leurs échecs, leurs pistes de travail.
« Une précarité permanente qui n’aurait plus rien d’exceptionnel ou de provisoire. On pourrait l’appeler « précariat » cette condition sous laquelle la précarité devient un registre propre à l’organisation du travail. »
Retour sur ce concept, proposé par le sociologue Robert Castel, à l’occasion de sa visite à l’Université populaire de Bruxelles. En quoi ce concept de « précariat » peut nous permettre de mieux comprendre notre réalité ? Est-il en phase avec le glissement vers l’État social actif ? Peut-il donner un sens nouveau
au travail social ?
Certaines universités populaires revendiquent un travail social, politique, « collectif » ; on ne manque pas de leur renvoyer qu’il faut d’abord une émancipation individuelle, argument souvent entendu comme « on ne peut changer le monde mais on peut se changer soi-même ». A l’inverse, d’autres universités populaires traitent de sujets dépourvus d’objectifs de transformation sociale clairs et revendiqués. A celle-ci, on leur répond qu’aucune émancipation individuelle n’est possible sans émancipation collective préalable « il faut changer le système pour être libre ». Ensuite chacun peut prendre tranquillement la posture qui lui correspond, mettre en avant son tee-shirt à l’effigie du Che ou, au contraire, sa chemise chic mais un peu chiffonnée dans le style artiste.
Une hypothèse de départ : le questionnement philosophique et la préoccupation pour le sens de nos actions n’ont pas disparu, même si on a pu s’inquiéter de voir se raréfier les temps et les espaces qui leur étaient consacrés. En effet, la rationalisation du travail et l’emprise des loisirs sur le « temps libre » laissent peu de place pour ces interrogations. Ce n’est jamais le bon lieu, jamais le bon moment.
Le rapport entre la philosophie et la société
Programme universel pour tout type d’enseignement sur les cinq continents. Défendu, voire imposé, par toutes les instances internationales et la plupart des États. L’approche par compétences est un phénomène étrange, une méthode qui, bien que récente, est aujourd’hui préconisée partout dans le monde.
Lors de la crise financière de 2010, on a sérieusement évoqué la possibilité d’une fin du néolibéralisme, ou du moins d’une inflexion dans son développement. Un an plus tard rien de tout cela n’a eu lieu, mais comme le signalait Mateo Alaluf, c’est au contraire une accélération de sa progression qui se dessine. Des états comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou l’Irlande ont été sommés de prendre des mesures allant toutes dans le sens de la réduction des aides sociales, de la diminution des salaires, de l’augmentation de l’âge de la retraite. Il s’agit de faire rentrer dans le système marchand toujours plus de domaines. Tout ce qui lui échappe apparait de plus en plus comme un coût insupportable.
Un certain nombre de mots issus de la biologie ont récemment été adoptés dans le domaine du travail social. Ainsi, on parle d’allochtones pour désigner les étrangers, on demande aux chômeurs d’avoir un comportement de recherche d’emploi. Ces mots se sont imposés sans qu’on ne trouve grande chose à redire. Au contraire, ils ont plutôt été adoptés ; parce qu’ils apparaissent comme sérieux, neutres, car ce sont des mots « scientifiques ». Avec ce genre de mots, on peut travailler efficacement, on ne perd pas de temps à se poser des questions, à tenter de définir ce dont on parle, à calmer les sensibilités des uns et des autres sur les connotations éventuelles.