Le Masterplan 2008-2012-2016 élaboré par l’administration pénitentiaire prévoit la construction de nouvelles prisons. Il comporte notamment un projet de prison dans une section à l’extrême nord de la ville de Bruxelles : Haren. Dans le cahier de charges rédigé pour lancer l’appel d’offres en vue de la construction de cette nouvelle prison, une récurrence mérite que l’on s’y attarde : il est demandé aux promoteurs de concevoir une prison qui favorise l’autonomie des futurs prisonniers. Il ne s’agit pas ici d’affirmer que ce cahier de charges est une révolution, mais plus simplement de repérer, dans la manière de concevoir cet objectif d’autonomisation des prisonniers, une problématique beaucoup plus large, traversant l’ensemble de la société et omniprésente dans le secteur social. L’autonomie en prison, et plus largement dans ce que Erving Goffman appelle les institutions totalitaires, n’est pas une question nouvelle, mais elle n’était cependant pas un objectif en soi. Il est important d’analyser la manière dont cette question s’est posée pour comprendre et évaluer les enjeux qui sous-tendent cette exigence aujourd’hui.
Pour trouver l’utilité de la philosophie dans l’éducation populaire, un chemin possible est de définir « utilité », puis « philosophie », puis « éducation », puis « populaire », et de bâtir une sorte de définition générale de « la philosophie dans l’éducation populaire ». Le problème cette démarche est de choisir une définition pour chaque mot, ou alors d’en discuter quelques-unes : on perd vite pied, on passe à quelque chose de très abstrait...
Nous avons proposé une généalogie de l’État social actif, avec les problématiques qu’il impose, et les déplacements qu’il opère. La proposition maintenant, complémentaire de la précédente, est de tenter de le cerner par sa logique d’action...
Il y a quatre ans, voici comment Robert Castel abordait la problématique de l’État social actif : « Il résulte que la gouvernance de cette société devrait consister dans le renforcement de l’individu, dans l’accroissement de ses capacités pour qu’il soit apte à affronter la dure loi du nouveau régime du capitalisme dominé par la concurrence, et le faire à partir de la maximisation de son propre potentiel, ou capital humain. Sur ces bases s’opère une recomposition des politiques sociales et des interventions de l’État social, « l’État social actif », dans le sens de l’activation de l’individu ».
Les statistiques sont omniprésentes dans notre quotidien à tous : que ce soit sur notre santé, notre travail, notre éducation, mais aussi nos loisirs ou notre politique. Pour faire une campagne électorale, on va, bien entendu, faire des sondages ; pour vendre un nouveau produit, une étude de marché...
Dans le cahier des charges de la future prison de Haren, un concept récurrent attire l’œil du lecteur : l’autonomie. Que cette dernière soit inscrite dans la conception de cette prison contemporaine peut relever de l’évidence puisqu’elle est la consigne centrale de toute la politique sociale contemporaine...
Est-ce que le management existe ? Si oui, comment existe-t-il ? Ses effets sont bien réels, mais le management en lui-même paraît insaisissable. Car, lorsqu’on veut le définir, voire le combattre, on n’a affaire qu’a une multiplicité de procédures, de contrôles, et de dispositifs en tout genre...
Méconnaître le contenu des textes théoriques du néolibéralisme peut être profondément handicapant pour ceux qui s’intéressent à la question sociale. Faute de repérer et comprendre comment il est pensé par ses partisans, le néolibéralisme apparaît comme une vague insaisissable, ou plus grave, comme un mouvement naturel...
Cette mode bavarde de tout rabattre sur la communication s’est installée. Elle continue à jacasser brouillement, laissant le champ ouvert aux techniciens du management pour prendre les décisions. Il y a donc un besoin de travailler un peu sur ces mots, et particulièrement sur les concepts qu’on utilise, parce qu’ils sont indispensables pour agir...
La prison telle qu’elle fut inventée au XVIIème siècle va propager dans toute la société un dispositif de pouvoir (le panoptisme) basé sur un certain type de regard. Aujourd’hui, un autre type de regard omniscient tend à s’imposer. Plus désiré, et même très recherché, c’est celui que l’on trouve par exemple dans la télé-réalité, sous la forme d’une « exigence de transparence ». Sous ce type de regard, le questionnement sur l’efficacité et l’analyse du quotidien sont différents. Il nous semble que dans le déplacement qu’il opère se joue quelque chose d’important pour l’ensemble de la société...