Dans des régimes plus autoritaires, le problème se pose autrement, mais là où le consensus, la concertation, la participation, l’écoute... sont omniprésents, bref là où l’on privilégie la parole, tout peut être dit, proposé, critiqué, débattu… mais il semblerait aussi, en fin de compte, que tout prenne une forme néolibérale. On peut multiplier les exemples, au-delà de la simple nostalgie et de la sensation discutable que « c’était mieux avant… » ; il semblerait de plus en plus souvent, et de plus en plus rapidement, que des pratiques, des propositions en tout genre, soient renversées, se retournent facilement pour devenir des outils du pouvoir.
La démarche de recherche en éducation populaire est souvent confrontée à une difficulté : comment appréhender le discours de pouvoir et ses effets ? En effet, il semble indispensable de s’y confronter pour identifier sinon les possibilités de transformation sociale, au moins les outils permettant de « faire prise » face à ce discours. Or nous sommes généralement amenés à croire que le discours de pouvoir est autosuffisant, qu’il a en lui-même une puissance « magique », qu’il « fait des choses avec les mots », pour reprendre la formule d’Austin . Nous en venons à nous méfier du vocabulaire, à porter notre attention sur la manière de dire, persuadés qu’elle amène forcément une manière de faire : il faudrait cesser d’utiliser « utilité », « capital », « potentiel », « gouvernement », « gestion ». Or toute la magie du discours de pouvoir est de recycler sans cesse les mots et les concepts qu’ils désignent, d’en faire dévier la signification… Sans qu’il n’existe de limite à la récupération.
La notion de « radicalisation » est de ces notions-écrans qui permettent de laisser accroire qu’on peut « réguler » un phénomène social interpellant – puisqu’on a un « label » à apposer sous-tendant une forme de « modélisation » du phénomène, on peut alors « prendre les mesures ad hoc ». Construite par les consultants en sécurité et récupérée ensuite par quelques universitaires, cette notion est au mieux floue – recouvrant une gamme de problématiques tellement large qu’elle devient une catégorie « sociologiste » servant uniquement à légitimer le rôle de certains experts –, au pire un carcan intellectuel empêchant de penser les causes de l’affaiblissement du « lien social » dans les sociétés occidentales et, singulièrement, en Europe. Mais comment penser alors ce phénomène social qu’est le départ de jeunes européens vers des zones de conflit, certains allant rejoindre des groupes fanatisés absolument effroyables, sans faire appel à cette notion ? C’est à ce questionnement que ce billet entend s’intéresser.
La télévision est… elle est ce qu’elle est. Et les conséquences de la télévision telle qu’elle est sont ce qu’elles sont. Tout cela a déjà été assez abordé pour que chacun ait son point de vue. On m’a posé une autre question : quelle télévision alors ? Je ne sais pas ce que doit être la télévision, et si elle disparaissait ce ne serait pas forcément un problème.
La cellule et l’artefact représentent deux paradigmes différents. Dans le travail social, on les retrouve tous les deux. La première correspond à une vision plus classique du travail social tel qu’il se développe dans le courant du XIXème siècle. La deuxième correspond au travail social tel qu’il se met en place dans les 1990-2000, en Belgique on a appelé ce tournant « État social actif ». Présenter ces modèles de manière un peu théorique est une façon de prendre une distance critique, à condition de confronter ces analyses critiques théoriques à la réalité du terrain. La théorie seule, ou la théorie abordée comme une forme supérieure de savoir est problématique, mais abandonner la théorie l’est tout autant, parce que dans ce cas on suit aveuglement des paradigmes (des modèles) dont on ne fait pas la critique.