La question du rapport de l’islam à la laïcité est régulièrement posée de manière unilatérale, en considérant a priori que la laïcité constituerait un « rempart » à l’islamisation de nos sociétés occidentales. D’autres manières d’envisager leur articulation existent pourtant. Au cœur même de l’associatif immigré se sont développés des projets plaçant la laïcité au centre de leur action. Parmi celles-ci, les expériences du Centre Laïque d’Ascendance Musulmane (CLAM) et de l’asbl Dakira sont-elles susceptibles de proposer une vision alternative ? Créées à 20 ans de distance, leur confrontation permet-elle de dégager quelque éclaircissement sur les enjeux de la laïcité dans l’immigration ?
Pour quelle raison aborder l’immigration marocaine dans une perspective historienne ? La question peut sembler anodine dans le contexte de la commémoration des 50 ans de l’immigration marocaine en Belgique. Or, c’est justement cette conjoncture commémorative qui appelle à ce que l’on s’y attarde. Malgré l’impulsion donnée lors des célébrations de 2004, cette histoire demeure encore largement méconnue. L’historienne Anne Frennet-De Keyser travaille depuis de nombreuses années à inverser la tendance en menant des recherches sur le sujet et plus particulièrement sur le mouvement associatif. En s’investissant au sein de l’asbl Carhima, une association engagée dans la sauvegarde des sources de cette histoire, elle œuvre aussi en faveur de sa connaissance et de sa reconnaissance. Son parcours constitue une expérience à l’aune de laquelle se profilent quelques indices de la complexité de la problématique.
Le rôle des organisations syndicales dans les opérations de régularisation a changé depuis la régularisation de 1974. A l’époque, elles en furent un acteur majeur étant donné la légitimité dont elles bénéficiaient auprès des clandestins via les associations de travailleurs immigrés...