Penser l’action sans s’éloigner de l’action… Éviter la coupure entre action et pensée : le moment où on croit savoir ce qui est bien sans pouvoir agir, ou son frère jumeau, le moment où on s’agite sans savoir ce qu’on fait. Éviter encore plus un dispositif de pouvoir où quelqu’un conçoit l’action et un autre l’exécute. Nous regarderons deux exemples, en apparence assez éloignés : le concept de « Belle âme » fabriqué par Hegel et celui de « Nettoyer avec les yeux » fabriqué par des travailleuses du nettoyage. Ils ont en commun le fait de ne pas céder à cette coupure entre action et pensée, et du coup d’éviter l’impuissance qui s’ensuit, on verra comment. La tension entre ces deux concepts est peut-être aussi une manière de rencontre possible, sans hiérarchie.
La réalisation d’une étude sur la situation des sans-papiers à la veille des échéances électorales de 2018 et 2019 s’est imposée comme une évidence. L’enjeu de ces deux moments électifs est en effet essentiel pour l’avenir des sans-papiers en Belgique.
Nous assistons, ces derniers temps, à une salutaire redécouverte de l’enquête populaire qui cherche à faire émerger la parole des personnes qui partagent un même vécu d’oppression. Cela, avec le but de construire un certain type de savoir qui puisse être employé comme force politique. Cette étude se propose d’aborder trois manières de faire enquête dans une perspective populaire, trois expériences tirées de contextes différents mais qui ont en commun d’avoir été pionnières dans les domaines qu’elles se proposaient d’explorer, ne fût-ce que par leur façon originale de rendre visible les intérêts populaires.
Ces dernières semaines, le mouvement des Gilets Jaunes a fait couler beaucoup d’encre dans les médias traditionnels et dans les réseaux sociaux. Convaincus que l’enquête devrait être un outil pour aller au-delà de la simple collecte d’informations, différents collectifs ont tenté de comprendre ce mouvement de l’intérieur, dans une dynamique se rapprochant de la corecherche.
Le rapport à l’autre, connaître l’autre (ou l’Autre), en avoir peur, etc., sont des questions récurrentes dans nos contrées. Les mots pour le dire ne manquent pas : cohésion sociale, lien social, vivre ensemble, multiculturalité, bref, il y a de quoi rendre heureux un éditeur de dictionnaires de synonymes. Néanmoins il y a un mot qui est en général soigneusement évité : « orientalisme » ; il s’agit d’un terme beaucoup moins employé dans ce questionnement, alors qu’il est probablement l’une des matrices du problème. C’est un terme qui s’applique au « nous » de l’Occident, et non à l’autre…
Dans le cadre de la réforme du décret de 2004 relatif à la Cohésion sociale en Région de Bruxelles-Capitale, le CFS asbl et Ensemble Pour 1060 asbl ont proposé aux associations partenaires de la Cohésion sociale à Saint-Gilles un parcours de concertation visant à formuler un avis sur le nouveau décret à l’attention du ministre compétent. Illustration de la prégnance de la participation dans le champ du social, cette expérience serait-elle plus singulièrement susceptible d’insuffler quelque perspective à la vie associative ?
Devenu écrivain, François Maspero a régulièrement puisé son inspiration dans son propre passé. Mais si ses livres s’appuient sur son expérience de vie tout comme ceux de Jorge Semprun, il s’éloigne du mémorialiste pour se muer en véritable praticien de l’histoire. Mise en tension de deux approches du témoignage.
Recueillir l’avis des autres est devenu une pratique courante, souvent présenté comme une démarche innovatrice, démocratique, participative. Il y a pourtant une histoire de cette volonté de comprendre l’autre, de se mettre à sa place. Une histoire, forgée dans la colonisation et dans la volonté de domestiquer les pauvres des villes, qui aide peut-être à comprendre un peu ce dont il est question. Regarder ce qu’on nous veut, et surtout être moins passif, dans un monde où il faut se raconter.
Le cinquantième anniversaire de Mai 68 a occasionné de nombreux retours sur le mouvement de contestation pour qu’il ne paraisse utile d’y revenir encore. Pareille médiatisation incite malgré tout à mobiliser certaines considérations historiennes générées par l’événement afin d’en appréhender la surrection.
Qu’est-ce qu’il se passe quand certains groupes de subalternes sont forcés à recourir à la violence pour leur propre défense, voire pour leur survie ? Et quand il s’agit des femmes ? Ce texte n’a pas l’ambition de faire le tour de la question, mais d’apporter quelques expériences de femmes qui ont assumé — et assument encore — le recours à la violence pour se défendre, et des réactions que ce choix "exceptionnel" entraîne. Cela, avec la volonté de donner de la légitimation à l’usage de la violence dans une logique d’autodéfense féministe, surtout quand ce n’est pas un choix, mais plutôt une nécessité.