Peut-être qu’il s’agit d’aider les pauvres à être pris au sérieux, en purgeant leurs discours des fictions contre-productives pour leurs intérêts… Mais on peut aussi formuler l’hypothèse contraire : dans un certain mode de pouvoir, les histoires, les fictions, sont une affaire trop sérieuse, il est important de les maîtriser, pour maîtriser les gens. C’est cette hypothèse qu’on tentera de développer ici à partir d’un texte classique : les Contes de Perrault. Dans ce livre emblématique par la portée qu’il a eue et qu’il continue à avoir – car ces histoires, nous les connaissons tous – il est question de s’approprier du commun, en écrivant des histoires qui, jusque-là, étaient racontées oralement. Rien de définitif dans notre travail, le soupçon qu’il y a quelque chose à prendre en compte. Car, si la question n’est pas neuve, elle prend aujourd’hui une importance singulière étant donné le nombre de dispositifs destinés à profiler les clients, les usagers, les citoyens, et l’importance que ces dispositifs ont acquise.