Si les universités populaires se conforment à la définition traditionnelle des universités en ce qui concerne leurs fonctions de transmission, de production et de conservation de Savoirs, c’est dans leur objet même que se dessine leur spécificité : les modalités de transmission, le public visé et la nature de ces Savoirs. Pour l’instant aucune réponse univoque à la question « qu’enseigner dans les universités populaires ? » n’a été formulée. On trouve plutôt des éléments de réponse dans les choix et les expériences menées par les différentes universités. Cependant, l’idée de « pouvoir émancipateur » comme critère nécessaire aux Savoirs, ressort comme fil rouge des différents partis-pris. Cette question est vaste et complexe, nous ne présenterons ici que quelques unes des problématiques qui lui sont rattachées et un tableau sommaire tendances qui se dégagent au sein des universités populaires.
Dans une précédente analyse, nous avons questionné quelques conditions d’accessibilité des publics populaires aux savoirs universitaires, aux savoirs socialement valorisés. Au-delà de l’appropriation des savoirs, quels enjeux y a-t-il à certifier les apprentissages réalisés ? Sous quelles formes organiser cette certification pour qu’elle soit en cohérence avec la conception de l’éducation défendue par les universités populaires et avec les modèles d’action pédagogique qui y sont privilégiés, pour que la certification soit elle aussi, tout autant que les démarches d’apprentissage, émancipatrice et non excluante ?
Voici bien une question digne d’intérêt pour toute Université Populaire qui a la volonté d’accueillir en son sein un public d’origine diverse. Cette question a d’ailleurs fait l’objet d’un atelier de réflexion dans le cadre du cinquième printemps des universités populaires organisé à Bruxelles en juin 2010, qui a amené les représentants de différentes UP francophones à remettre en question leurs pratiques en la matière.
Certaines universités populaires revendiquent un travail social, politique, « collectif » ; on ne manque pas de leur renvoyer qu’il faut d’abord une émancipation individuelle, argument souvent entendu comme « on ne peut changer le monde mais on peut se changer soi-même ». A l’inverse, d’autres universités populaires traitent de sujets dépourvus d’objectifs de transformation sociale clairs et revendiqués. A celle-ci, on leur répond qu’aucune émancipation individuelle n’est possible sans émancipation collective préalable « il faut changer le système pour être libre ». Ensuite chacun peut prendre tranquillement la posture qui lui correspond, mettre en avant son tee-shirt à l’effigie du Che ou, au contraire, sa chemise chic mais un peu chiffonnée dans le style artiste.
Une hypothèse de départ : le questionnement philosophique et la préoccupation pour le sens de nos actions n’ont pas disparu, même si on a pu s’inquiéter de voir se raréfier les temps et les espaces qui leur étaient consacrés. En effet, la rationalisation du travail et l’emprise des loisirs sur le « temps libre » laissent peu de place pour ces interrogations. Ce n’est jamais le bon lieu, jamais le bon moment.
Le rapport entre la philosophie et la société
Programme universel pour tout type d’enseignement sur les cinq continents. Défendu, voire imposé, par toutes les instances internationales et la plupart des États. L’approche par compétences est un phénomène étrange, une méthode qui, bien que récente, est aujourd’hui préconisée partout dans le monde.
Lors de la crise financière de 2010, on a sérieusement évoqué la possibilité d’une fin du néolibéralisme, ou du moins d’une inflexion dans son développement. Un an plus tard rien de tout cela n’a eu lieu, mais comme le signalait Mateo Alaluf, c’est au contraire une accélération de sa progression qui se dessine. Des états comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou l’Irlande ont été sommés de prendre des mesures allant toutes dans le sens de la réduction des aides sociales, de la diminution des salaires, de l’augmentation de l’âge de la retraite. Il s’agit de faire rentrer dans le système marchand toujours plus de domaines. Tout ce qui lui échappe apparait de plus en plus comme un coût insupportable.
Un certain nombre de mots issus de la biologie ont récemment été adoptés dans le domaine du travail social. Ainsi, on parle d’allochtones pour désigner les étrangers, on demande aux chômeurs d’avoir un comportement de recherche d’emploi. Ces mots se sont imposés sans qu’on ne trouve grande chose à redire. Au contraire, ils ont plutôt été adoptés ; parce qu’ils apparaissent comme sérieux, neutres, car ce sont des mots « scientifiques ». Avec ce genre de mots, on peut travailler efficacement, on ne perd pas de temps à se poser des questions, à tenter de définir ce dont on parle, à calmer les sensibilités des uns et des autres sur les connotations éventuelles.
En février 2009, l’Université populaire fur officiellement instituée. Depuis ce jour, de nombreuses activités sont proposées afin d’en faire un lieu de production et de transmission des savoirs...